Naturel, Développement durable et Biodiversité à l'aube du Sommet Rio+20
Photo Eric Lafforgue pour l'UEBT |
Le marché de la cosmétique
naturelle est en pleine progression ( +13,9% ces 5 dernières années – dépassant
la croissance du naturel selon Kline en 2011) et la nature, la biodiversité, sont plus
que jamais une immense source d’histoires pour l’industrie de la beauté, d’émotions et d’évocations pour le consommateur.
Mais la nature la plus
luxuriante est souvent la richesse de pays plus « pauvres » qui
deviennent des ressources naturelles convoitées. A cette richesse naturelle
s’ajoute des utilisations traditionnelles ou ancestrales qui mettent en avant
les propriétés remarquables de cette nature, source d’inspiration pour les
marques.
Comment préserver cette biodiversité ? Comment préserver la
propriété intellectuelle des collectivités qui vivent de la biodiversité ?
A l'occasion de la 4e conférence sur la Biodiversité organisée par l'UEBT, « the Beauty of Sourcing with Respect » qui s’est tenue jeudi 12 avril à Paris, bon nombre d'orateurs sont intervenus afin de sensibiliser l'industrie sur le respect de la biodiversité et plusieurs entreprises cosmétiques pour présenter leurs avancées sur leur chaines d'approvisionnement de la biodiversité et le respect des règles d'accès et de partage des bénéfices.
Vingt ans après la Conférence internationale de Rio sur l’environnement
et le développement en 1992, et dix ans après le Sommet mondial du
développement durable à Johannesburg en 2002, l’Assemblée générale des
Nations Unies a convoqué une conférence internationale "Rio + 20", qui
se tiendra à Rio au Brésil du 20 au 22 juin 2012.
Voici quelques points importants qui ont émergés lors de cette conférence.
David Ainsworth, du Secrétariat
de la Convention de la Biodiversité a animé la
session consacrée aux consommateurs : " 2012 est sans doute une année cruciale pour la biodiversité ; et cela à l'aube du Sommet Rio+20. Il est important que le secteur privé s'engage dans le processus de sensibilisation sur la biodiversité pour permettre d'atteindre les objectifs fixés par les Nations Unies".
Une notoriété de la biodiversité importante à travers le monde mais un vrai besoin de transparence et d'information pour regagner la confiance du consommateur
L'étude commanditée à IPSOS dans 8 pays en 2012 révèle que la notoriété de la biodiversité est de 63%, avec des niveaux particulièrement élevés dans des pays comme la France, le Brésil et la Suisse. Rémy Oudghiri, directeur du département Trends & Insights chez IPSOS a présenté son analyse des résultats de cette édition.
Environ 85% des consommateurs achètent des produits cosmétiques à base d'ingrédients naturels et 69% disent accorder de l'importance à l'origine des ingrédients. "Une sensibilité au naturel d'autant plus importante dans les pays émergents comme le Brésil, le Pérou ou l'Inde où la traçabilité est d'autant plus importante"..
Source : istockphoto |
"L'enjeu est la confiance, puisque les consommateurs à travers le monde ont perdu confiance dans les grandes marques et sont en attente de plus d'informations sur la manière dont les entreprises s'approvisionnent en ingrédients" (80% dans les pays occidentaux, 87% dans les pays émergents).
Les entreprises cosmétiques communiquent encore trop peu sur la biodiversité et sur leurs pratiques de 'sourcing'
Même si les entreprises du top 100 communiquent plus qu'il y a 4 ans, les niveaux de communication restent limités (54% communiquent sur le développement durable/ 31 % sur la biodiversité - +10 et +18% respectivement vs 2009). D'après Rik Kutsch Lojenga, directeur de l'UEBT," il y a une réelle opportunité pour les marques d'initier avantage de communication sur le sourcing de la biodiversité puisqu'il s'agit d'une vrai demande de la part des consommateurs à travers le monde".
Les pays émergents comme la Chine et l'Inde sont dans une quête de sécurité mais les notions liées au développement durable sont en croissance dans ces pays.
Leslie Pascaud, Director Sustainable Marketing at Added Value a présenté les perspectives des valeurs du naturel et du développement durable durant la session consommateurs.
Des différences historiques existent dans ces deux pays émergents mais une similarité dans la quête d'un style de vie meilleur. En parallèle, le consommateur devient de plus en plus sensible au développement durable, fortement lié aux racines culturelles, à la nature de ces deux pays et qui font partie de la fierté de leur patrimoine.
Chaque année, de nouveaux exemples concrets de progression de l'industrie marquent une réelle progression de notre industrie
Cette année, Beraca, Expanscience, Symrise, Natura et PhytoTrade Africa ont montré des exemples concrets d'actions ou d'intégration de la biodiversité dans leur politique de développement durable. Durant sa présentation, Karen Lemasson du Laboratoires Expanscience, a présenté le plan CSR de l'entreprise et leur démarche concernant le respect de la biodiversité. L'entreprise a comme objectif, d'ici 2015, d'avoir tous leurs produits dermo-cosmétiques "eco-designed' et un plan CSR mis en place pour 100% de la chaine d'approvisionnement de leurs plantes.
Source : istockphoto |
Alors que l’industrie prend une
approche de plus en plus éco-responsable, que les consommateurs sont de plus
en plus sensibles à une plus grande transparence et à un plus grand sens de l'éthique, la filière d’approvisionnement doit plus que jamais être
également transparente.
Respecter la nature, respecter
la biodiversité tout en protégeant les détenteurs de savoir-faire (les
collectivités et les pays) sont autant d’enjeux important les marques, comme
elles le sont pour les grandes Organisations telles que les Nations Unies (et
la Convention pour la Biodiversité), et cela à l'aube du sommet de Rio+20.
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